Gr20 Trail

Gr20  Trail

Jour 3 : Castel di Vergio - Vizzavona

27 Juillet  - Etape 3 :




Réveil à 4:30h. Pas la forme ce matin, j’ai la nausée, et j’ai du mal avaler quoi que ce soit, liquide ou solide. Pourvu que ça s’arrange car la journée qui s’annonce sera l’une des plus difficiles de par sa distance et son profil.



5h, je démarre à la frontale dans la nuit, à travers forêt. La pluie annoncée ne tarde pas à commencer à tomber de manière légère mais constante… Je sors la Gore-tex et j’entame la belle montée vers les crêtes soit Bocca San Petru (1450m) puis Bocca a Reta (1883).



Deux heures au compteur déjà et j'arrive au Lac Nino, joyaux de la Montagne Corse bordé de Pozzines, des formations herbeuses qui donnent une couleur magnifique à l’endroit. Dommage que le soleil ne soit pas au rendez-vous, ce qui rend l'endroit un peu triste.




Je poursuis ma route sous une pluie fine en courant sur un superbe sentier facile. J’arrive aux Bergeries de Vaccaghia ou quelques randonneurs entament leur journée.


Le sentier poursuit jusqu’au refuge de Manganu, atteint en 3 heures.  J’y fais un arrêt minute pour remplir ma poche à eau. La nausée me poursuit toujours mais je me force à manger mes barres de céréales et autres gels. Les jambes sont bonnes et je garde le rythme.



A partir d’ici, le paysage change, on remonte solidement vers la Brèche de Capitello. Dans la montée, je dépasse un randonneur seul qui porte un sac de 23kg sur le dos…J’ai mal pour lui mais il semble s’en accommoder à son rythme. Il me fait part de son plaisir d’être en autonomie totale (y compris couchage et nourriture pour 10 jours). C’est intéressant de voir que malgré l'antagonisme de nos démarche, chacun y trouve son plaisir, à sa manière.


Le final se fait dans la caillasse détrempée. Après une belle glissade, je dois m’y reprendre à plusieurs reprises pour franchir un passage sur une dalle rendue particulièrement glissante.




J’atteins la brèche après 1 :20h. Il s’agit du point culminant du GR (2225m) qui me donne la sensation de franchir un cap vers mon objectif. La pluie ne suffisant pas, un beau brouillard se lève et bouche complètement la vue… Dommage car les passages qui suivent révèlent habituellement des paysages splendides...
 

Un coup de vent me permettra quand même d’entrevoir les superbes lacs de Capitello et Melo.



L’environnement est très minéral et escarpé à cet endroit. J’avance avec prudence. L’itinéraire redescend pour remonter à la crête de Punta Muzella (2206m).

De là j’entame la descente qui mène au refuge de Petra Piana. Je suis content d’y être arrivé, ayant avalé un bon morceau mais il reste deux étapes à parcourir…



A refuge, je rencontre Stéphane, que j’ai rattrapé au cours de cette étape. Trempé et fatigué par les conditions, il me fait part de son souhait de rester bien au chaud au refuge jusqu’au lendemain.

A l’issue du repas (boîte de thon Provençale avec un bon morceau de pain, un régal), je réussi à le remotiver et on décide de repartir ensemble.
 
Deux possibilités s’offrent à nous, emprunter le sentier technique de la variante par les crêtes pour gagner le refuge de L’Onda ou redescendre dans la vallée pour remonter ensuite par un sentier plus facile mais plus long. Stéphane souhaite éviter les conditions météo, difficiles sur les crêtes. Il a raison, il fait trop mauvais…

On prend donc la seconde option. Disons d’emblée que je le regretterai vraiment car il faudra descendre jusqu’à l’altitude de 1100m (Bergeries de Tolla) pour se retaper près de 1200m D+ d’un coup (et de les redescendre ensuite…)




On entame donc la longue descente au pas de course, sautant de cailloux en cailloux. Le point positif est que le temps nous octroie une belle accalmie et même quelques rayons de soleil. Bonnes sensations et bon rythme. Je distance un peu Stéphane et décide de continuer à mon rythme dans la longue montée qui s’amorce.

La montée est facile mais longue. J’y dépasse pas mal de randonneurs qui vont au refuge de l’Onda. La pluie recommence de plus belle…

La montée se fait plus raide avant d’arriver au refuge. Je décide de tenter d’utiliser mes bâtons de marche que j’avais laissé accrochés au sac jusqu’alors. A ma surprise, j’apprécie vraiment et je peux adopter un rythme constant dans les parties les plus raides.

Arrivé au refuge de l’Onda, je continue l’ascension sans m’arrêter. Déjà 9h de rando et 35km d’avalés.


La deuxième partie de la montée est cependant vraiment rude : Vent, froid, pluie, visibilité nulle. J’ai l’impression de ne pas avancer. Une crête cache une autre, j’ai froid aux mains, je commence à en baver pour la première fois sur le Gr. Arrivé à la crête, Punta  Muratello, je dépasse un randonneur qui a l’air de galérer aussi. Un ptit encouragement mutuel et je me lance dans la descente vers Vizzavona.



Celle-ci s’avère aussi pénible. Je galère sur les dalles rocheuses détrempées et glissantes, en appui constant sur les cuisses qui chauffent et les genoux qui dégustent vraiment.  Le ruisseau s’est transformé en rivière et l’eau coule de partout. Je suis trempé jusqu’au cou. Autant dire que c’est avec soulagement que j’arrive au gîte du col de Vizzavona après une descente interminable.


Je suis accueilli par ma petite famille qui a déjà réservé la chambre. Je me jette sous une douche bouillante pour y rester un bon quart d’heure avant de commencer à me réchauffer.

Deux soupes lyophilisées plus tard, me voilà d’aplomb (enfin presque…)





Etape 3 : 45km, 12h15 de rando-course pour environs 3000 D+. Bien entamé par les conditions mais content de me rapprocher de mon objectif. Je savais que cette journée serait décisive et je suis donc content de la savoir derrière moi. Le gr20 Nord est bouclé.



Pour le repas du soir, nous nous rendons à l’Hôtel-restaurant de la Gare où tant l’accueil que le repas seront vraiment parfaits.

J’ai cependant du mal à manger car je me sens toujours nauséeux. Je crains de ne pouvoir  recharger les batteries pour le lendemain. On verra au réveil...

La tenancière du gîte me donne un itinéraire à suivre (apparemment jalonné de points bleus) pour regagner le Gr depuis le col de Vergio.
 
Je prépare mon sac pour le lendemain et m’endors dans la minute qui suit…


Jour 4: Vizzavona - Usciolu